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La motivation intérieure pour la prière
Chacun de nous désir une chose ou une autre. L’un veut des richesses, l’autre des enfants, un autre encore une position sociale et des honneurs. Ces désirs ont-ils un rapport quelconque avec notre vie religieuse ? A un moment ou à un autre, nous tous, ou presque, nous approchons de D-ieu avec ces désirs. Nous prierons parfois avec beaucoup de ferveur pour qu’il accède à nos sollicitations et réalise nos voeux. Au fait, est-il approprié d’approcher l’Eternel de cette manière ? Dans Sa grandeur infinie, doit-Il être mêlé à nos besoins privés ? Ou, au contraire, doit-Il être ignoré sur ce plan ? Devons-nous compter sur nos seuls efforts quand nous poursuivons le succès matériel ? Ces questions s’appliquent particulièrement à Roch Hachana (le Jour du Jugement). En cette occasion presque chaque Juif tâche de prier. Nombre de prières ont trait au « Livre de la Vie », aux benédictions, à la paix, à la prospérité, etc. De plus, chacun de nous y ajoute généralement ses propres requettes personnelles. Est-ce la bonne manière de prier ? Pourquoi ces demandes sont-elles incluses dans le service ? Le Talmud (Roch Hachana, 16-a et 34-b) explique qu’à Roch Hachana, D-ieu S’approche du peuple juif et demande : une haute « proclamez Moi Roi ». Pendant le votre couronnement du roi, aucun sujet n’oserait penser à ses intérêts personnels, ni approcher le souverain avec une requête privée. Néanmoins, à Roch Hachana, au lieu de nous concentrer sur la pensée de D-ieu comme Roi, nous efforçant de développer une conscience de la profondeur de notre rapport avec Lui, nous fixons nos prières et notre attention sur nos propres désirs et nos souhaits. De fait, ces requêtes mêmes partie de la liturgie de la prière. La même autorité qui font nous a enjoint de réciter la prière « Règne sur le monde entier dans Ta gloire » a inclus dans le service de Roch Hachana « Inscris-nous dans le Livre de la Vie ». Tout au long de la tradition judaïque, les Sages ont avancé des arguments dans l’un ou l’autre sens de la question Maimonide (Hilkhoth Tefilah, au commencement) déclarait que c’est un commandement positif de prier Dieu et de Lui demander d’accéder à nos besoins. Il a écrit qu’un Juif devait se tourner vers Lui chaque fois qu’il éprouvait un manque ou un besoin. Dans une perspective opposée, le Zohar se penche sur de telles requêtes, et compare celui ou celle qui demande à Dieu des bénédictions matérielles, à une sangsue qui crie: « Donne, donne ». Ces questions sont abordées par la Haftarah que nous lisons le premier jour de Roch Hachana. La Haftarah raconte l’histoire de ‘Hannah, la prophètesse. Elle n’avait point eu d’enfants pendant de longues années. Chaque année, Hannah et son mari Elkanah faisaient un pèlerinage au sanctuaire de Chiloh. Une fois, à un de ces voyages, pleine d’amertume à cause de sa stérilité persistante, elle quitta la fête sacrificielle, pénétra dans le sanctuaire et exhala sa peine à D-ieu, Le suppliant de lui donner un fils. Et la Haftarah poursuit: « ‘Hannah prolongea sa prière devant l’Eternel… Seules ses lèvres se bougeaient, mais on n’entendait point sa voix. Et Eli (le Grand-Prêtre) pensa qu’elle était ivre ». Eli lui dit: « jusqu’à quand seras-tu dans l’ivresse ? fais passer ton vin ». ‘Hannah répondit : « non, mon seigneur, je suis une femme qui souffre en son coeur, et je n’ai bu ni vin, ni boisson enivrante, mais je répandais mon âme devant l’Eternel ». Et Eli de répondre : « va en paix, et que le D-ieu d’Israel exauce la prière que tu Lui as adressée » (I-Samuel, 1:12-17). Cette histoire soulève beaucoup de questions : pourquoi Eli a-t-il reprimandé si durement ‘Hannah ? Il était le Grand-Prêtre et le Juge du peuple entier d’Israel; pourquoi s’est-il tant hâté pour conclure ? Et pourquoi n’a-t-il pas d’abord essayé d’éclaircir la vraie nature des sentiments de ‘Hannah ? Ces questions ne Généralement, la Bible ne s’attarde pas à des notions négatives. Si Eli s’est trompé, pourquoi la Bible a-t-elle justement enregistré son erreur ? De plus, pourquoi cette Haftarah a-t-elle était choisie comme appropriée à Roch Hachana ? se réfèrent pas à Eli seulement.
Ces questions nous obligent à envisager ce récit dans une perspective totalement différente. Eli n’a jamais considéré ‘Hannah comme ivre dans le sens propre du terme. S’il en avait été ainsi, il ne l’aurait jamais laissée achever sa prière. Il aurait insisté pour qu’elle quittât le sanctuaire sur-le-champ. En fait, il avait écouté la prière de ‘Hannah et s’était rendu compte de sa sincérité. Quand il a parlé de son ivresse, il l’a fait dans un sens figuré. Il ne comprenait pas comment ‘Hannah se tenant devant Dieu, à Chiloh, dans le saint sanctuaire, en un lieu si sacré pouvait penser à elle-même et demander un fils. Il la considérait comme ivre, comme perdue dans ses désirs personnels, adonnée de façon immodérée aux choses matérielles. Et ‘Hannah avait répondu : « je ne suis pas ivre » je ne désirais rien pour moi-même. « je répandais mon âme devant l’Eternel » – mon désir émanait des profondeurs mêmes de mon âme. La source des désirs matériels ne se confond pas toujours avec les besoins égoïstes. Souvent, un Juif pourrait penser qu’il désire des objets matériels pour eux-mêmes, alors qu’en vérité ces désirs sont enracinés dans les profondeurs de son âme. Tout dans le monde contient des étincelles de spiritualité Divine. Mais cette spiritualité est masquée par la nature physique du monde: Au peuple juif a été confiée la tâche d’affiner la nature physique et de révéler cette Divinité innée. En particulier, chaque Juif est destiné à élever certaines étincelles Divines, et ce service est nécessaire à sa croissance et à son développement personnels. Si ces énergies Divines ne sont pas élevées par lui, son âme demeure incomplète. Le Baal Chem Tov a développé cette idée dans son interprétation du verset : « Ils souffrent de la faim et de la soif ; leur âme est languissante » (Psaumes, 107:5). Le Baal Chem Tov le commente ainsi : Pourquoi ont-ils faim et soif ? Parce que leur âme est languissante. Leurs âmes désirent l’énergie Divine contenue dans la nourriture et la boisson. Il se pourrait que nous n’eussions pas conscience de ce besoin intérieur. Nous pourrions considérer nos besoins naturels, physiologiques, psychologiques. Nous pourrions trouver d’innombrables raisons pour décrire et définir ce que nous désirons et pourquoi nous le désirons. En fait, un désir plus profond motive notre volonté. Pourquoi un Juif désire-t-il avoir des enfants, des richesses ou le succès matériel ? Parce que son âme est rattachée aux qualités Divines inhérentes à l’objet de ses désirs. Cela explique la raison de la prière de ‘Hannah. ‘Hannah n’était pas ivre, même dans un sens figuré. Et sa prière non plus n’émanait pas de désirs personnels. Elle « répandait son âme devant l’Eternel », permettant au besoin intérieur de son âme de s’exprimer. Son voeux de consacrer la vie de son fils à D-ieu, de donner son fils, pour toute la durée de la vie de ce dernier, à Dieu (ibid., 1:11) démontrait que son intention était désintéressée. Le dialogue entre Eli et Hannah aide à répondre aux questions soulevées précédemment au sujet de la prière. Quand un Juif prie, il se tient « devant D-ieu » L’Eli en lui, le point de son âme qui est le « Grand-Prêtre », demande : quand seras-tu dans l’ivresse ? » Pourquoi tes prières sont-elles si remplies de requêtes personnelles ? La question s’applique particulièrement à Roch Hachana, jour qui doit être consacré à prendre conscience que D-ieu est Roi de l’univers. Alors, un Juif doit s’examiner et se demander: « comment puis-je être si engagé dans les choses matérielles ? » jusqu’à Mais nécessairement suspendre ses prières. L’exemple de ‘Hannah démontre comment même quand un Juif « répand son âme », il peut solliciter des choses matérielles. Un Juif ne peut se dispenser des bénédictions matérielles pour satisfaire ses besoins. Il ne peut servir D-ieu adéquatement s’il est troublé par des soucis matériels. C’est pourquoi, il y a, dans le service de la prière, une place pour de telles requêts. Chaque jour, la section principale du Chmoneh-Esréh (la prière centrale) est consacrée à la demande à D-ieu de nous accorder sagesse, santé Succès, etc. De même, à Roch Hachana, nos prières ont trait à tous nos besoins pour l’année qui commence. d’introspection ce processus doit ne pas ici, une question se pose : il est entendu que notre engagement dans les affaires matérielles, et notre désir de choses physiques, puissent dériver de motifs spirituels. Cet engagement et ce désir ne peuvent être qualifiés de physiques; enracinés dans nos âmes mêmes. Néanmoins, si la source de ces désirs est spirituelle, pourquoi doivent-ils s’exprimer à travers des choses physiques ? Pourquoi ne pas avoir affaire directement aux choses spirituelles ? Le Baal Chem Tov nous aidera à résoudre la question. En effet, il entama la direction du mouvement ‘hassidique en encourageant ses adeptes à aller par les villes et les villages aider les Juifs à trouver le travail, de prêts d’argent, etc. Ce ne fut que vingt-deux ans plus tard qu’il commença ses enseignements ‘hassidiques. Au début, ses rapports avec ses semblables se sont appuyés sur des faits et gestes matériels ; ce n’est qu’après qu’il aborda leurs besoins spirituels. Le même schéma se retrouve à l’échelle de l’univers. D-ieu créa le monde, et lui accorda généreusement des bénédictions matérielles. Deux mille quatre cent quarante-huit ans plus tard, Il donna la Torah. C’est seulement alors qu’Il révéla la Divinité dans le monde. Dieu établit l’ordre des révélations spirituelles de manière qu’il fût solidaire de l’affinement du monde physique. La voie vers la conscience spirituelle se rattache à l’élévation du matériel qui nous entoure. Quand Eli entendit l’explication de ‘Hannah, il répondit sur le champ avec une bénédiction. Cela est aussi applicable à nous mêmes. Si, au cours du service de Roch Hachana, nous voyons un fidèle plus profondément ému à la prière de « Ounétaneh Tokef » (qui a trait aux jugements matériels) qu’à celle de « Règne sur le monde entier dans Ta gloire » (ou qu’aux autres prières axées sur le spirituel), nous ne devons point le juger durement. Nous devons, au contraire, nous dire prière pourrait jaillir du noyau de son âme. Nous devrions prier : « Puisse le D-ieu d’Israel exaucer sa prière ».