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Yaalzou Hassidim N°61
« Yaakov vécut, dans le pays d’Egypte, dix-sept ans. » (Béréchit 47, 28)
D’après nos Sages, les dix-sept années où Yaakov séjourna en Egypte furent les plus belles de sa vie, car il eut la joie de constater que son cher fils Yossef avait préservé sa piété, même dans un pays étranger et en dépit de toutes les épreuves auxquelles il dut faire face. Son intégrité et sa sainteté, desquelles il ne s’était pas départi, lui valurent le titre de « juste, pilier du monde ».
En marge du verset « Il vit les voitures que Yossef avait envoyées pour l’emmener et l’esprit de Yaakov leur père revint à la vie » (Béréchit 45, 27), Rachi commente : « Yossef leur donna un signe : lorsqu’il s’était séparé de Yaakov, il était occupé à étudier le passage de la génisse à la nuque brisée. C’est pourquoi il est dit : “Il vit les voitures que Yossef avait envoyées” et non pas “que Paro avait envoyées”. » J’ajouterai que le terme agalot (voitures) est formé de la lettre Ayin (équivalant numériquement à soixante-dix) et du mot galout (exil), laissant entendre qu’à travers celles-ci, le patriarche perçut la vaillance de son fils, parvenu à continuer à étudier la Torah, aux soixante-dix facettes, alors qu’il se trouvait exilé. Cette perception le fit littéralement revivre.
Tel est le secret que nous livrèrent nos ancêtres qui séjournèrent en Egypte : en toute circonstance, nous pouvons étudier la Torah et nous élever par ce biais. Même en exil et au milieu des plus dures épreuves, nous sommes en mesure, si seulement nous le voulons, de nous investir pleinement dans l’étude. D’ailleurs, la plupart des enseignements nous ayant été transmis de génération en génération proviennent de l’exil. Ainsi, le Talmud a été rédigé en Bavel par les Tanaïm et Amoraïm ; Rachi et les Tossaphistes ont écrit leurs commentaires en France, tandis que le Rambam vécut en Egypte, pour ne citer que quelques-uns de nos éminents Sages. Par conséquent, l’homme peut et doit étudier la Torah de manière inconditionnelle. Il lui incombe de surmonter toutes les épreuves de son existence et d’éloigner toute préoccupation extérieure, afin de pouvoir se vouer totalement à l’étude dans la tente de la Torah.
Conscient que la vaillance de Yossef n’est pas donnée à chacun, Yaakov décida de fonder une Yéchiva en Egypte, afin de permettre à ses descendants d’y puiser Torah et crainte du Ciel. Il est écrit : « Yaakov avait envoyé Yéhouda en avant, vers Yossef, pour qu’il lui préparât l’entrée en Gochen. » (Béréchit 46, 28) Rachi, citant le Midrach, explique : « Pour lui préparer un centre d’étude d’où sortira l’enseignement. » Car, si Yossef parvint à maîtriser son mauvais penchant en l’absence d’une telle structure, cela est loin de constituer une tâche aisée. Le pays d’Egypte, plongé dans l’impureté et l’idolâtrie, représentait une immense épreuve susceptible de faire tomber de nombreux membres de la famille de Yaakov dans les rets du péché. D’où l’initiative de celui-ci d’implanter une Yéchiva dans la région où ils habiteraient. Ce lieu saint les influencerait positivement et les aiderait à préserver leur sainteté dans un pays étranger.
Quant à Yaakov, la Torah était son essence et il n’aspirait qu’à l’étudier avec abnégation. Même lorsqu’il dormait, il étudiait, conformément à l’interprétation de nos Maîtres du verset « Yaakov se réveilla de son sommeil (michnato) » (ibid. 28, 16) – ne lis pas michnato, mais mimichnato, de son étude. Mais, comment étudier en dormant ?
Quand un homme s’impliquant pleinement dans l’étude s’endort, c’est contre son gré, parce que la fatigue suscitée par cette tâche l’a emporté. On considère donc qu’il continue à étudier, car c’est ce qu’il aurait réellement souhaité s’il pouvait se passer de sommeil.
De même que Yossef conserva sa pureté intérieure, il éduqua ses enfants dans cette voie. C’est pourquoi Yaakov dit à Yossef : « Par toi Israël donnera sa bénédiction en disant : D.ieu te fasse devenir comme Ephraïm et Ménaché. » (Ibid. 48, 20) Rachi souligne : « Quand quelqu’un voudra bénir ses enfants, il le fera par cette bénédiction en disant à son fils : D.ieu te fasse devenir comme Ephraïm et Ménaché. » En quoi ces deux fils de Yossef se distinguèrent-ils tant par rapport aux autres chefs de tribus pour mériter de devenir l’image de gloire, souhaitée par tout père à son fils par sa bénédiction, à travers les générations ?
Les autres chefs de tribus grandirent dans l’atmosphère élévatrice du foyer de Yaakov avinou ; il n’était donc pas étonnant qu’ils devinrent des personnalités saintes. Par contre, Ephraïm et Ménaché naquirent et grandirent en Egypte, pays empli d’impureté et d’idolâtrie. En outre, en tant que fils du vice-roi, ils côtoyaient les princes et magiciens du royaume. Malgré cela, ils résistèrent au courant et réussirent à rester intègres. Yossef les éleva si bien à l’aune de la Torah et de la crainte du Ciel que chacun d’eux mérita d’être considéré comme une tribu à part entière, comme il est dit : « Comme Réouven et Chimon, Ephraïm et Ménaché seront à moi. » (Ibid. 48, 5) Il va sans dire que le mauvais penchant plaça de nombreuses embûches sur leur chemin ; néanmoins, ils surent y faire face, en veillant à marcher dans les sillons de leurs ancêtres, conformément à l’éducation reçue par leur père. C’est pourquoi tout père désirant bénir son fils lui souhaite de se conformer toujours à la voie de la Torah, sans jamais se laisser influencer par les pécheurs qui l’entourent, à l’instar d’Ephraïm et de Ménaché.
️️Il est défendu de sortir de la synagogue quand le Sefer Torah est encore ouvert, mais c’est permis entre les montées pour une bonne raison (toilettes). Si une personne est sortie de la synagogue et a raté quelques psoukims, elle n’aura pas besoin de chercher une autre synagogue afin de réécouter la lecture du début. Par ailleurs, une personne qui n’a pas pu se rendre à la synagogue le samedi matin, n’aura pas besoin de lire la Parasha de la semaine dans un livre, car la Mitsva se fait avec un Sefer Torah et un minyan.
Yalkout Yossef
La Torah nous ordonne : « Ne va point colportant le mal parmi les tiens. » (Vayikra 19, 16) Nos Maîtres déduisent de ces derniers mots que l’interdiction de médire ne s’applique qu’à un Juif se comportant comme tel, c’est-à-dire se conformant à la conduite des membres du peuple juif. Il en résulte qu’il est permis de médire d’un mécréant cruel et mauvais. Par contre, celui qui faute par ignorance ou parce qu’il n’est pas parvenu à surmonter son penchant, est toujours considéré comme un Juif, duquel il est interdit de rapporter le blâme.
Hafetz Haim
Le Rav Mochikovsky raconte une histoire mettant en exergue la personnalité exceptionnelle du Rav Hirsh.
La particularité de la Yéchiva de ‘Hévron, dirigée par les deux Machgui’him Rabbi Meïr ‘Hadach et Rabbi Hirch Pali, était la méticulosité dans les relations interhumaines. Ces deux Rabbanim en donnaient l’exemple à leurs élèves, accueillant chacun avec un visage avenant, se conduisant de manière raffinée et cherchant constamment un moyen de les réjouir, les aider ou les soutenir moralement. Ils se dévouaient totalement pour eux. La maison de Rabbi Meïr leur était ouverte de jour comme de nuit. Ses disciples y entraient pour se restaurer à toute heure. Il leur donnait même les clés de son domicile. Il n’avait pas de vie privée.
Lorsque Rabbi Hirsh décéda, je vins faire une visite de deuil. On y lut une lettre, envoyée par fax, où il était écrit : « Ecoutez l’éloge de Rabbi Hirsh zatsal, prenez la mesure de son rapprochement avec tous ceux qu’il connaissait et de son dévouement aux ba’hourim de sa Yéchiva. Mais j’aimerais mettre les choses au clair : pensez-vous qu’il ne rapprochait de lui que ses proches, qu’il ne se dévouait que pour ses élèves ? Lorsque j’étais hospitalisé à Hadassa, Rabbi Hirsh, qui ne me connaissait pas, a vu que je souffrais. Je ne pourrais décrire tout ce qu’il fit en ma faveur. J’ai ressenti qu’il ne vivait pas pour lui-même, mais uniquement pour moi et pour les autres.»
Concluons par une histoire tournant à son sujet dans la Yéchiva de ‘Hévron. Il est difficile de savoir si elle eut vraiment lieu ou non, mais généralement, on n’y inventait pas d’histoires.
Un jour, Rav Hirsh voyageait en bus et s’était assis sur un des bancs du fond. A l’un des arrêts, une dame non religieuse monta, accompagnée d’un grand chien. Le chauffeur lui demanda de payer aussi pour celui-ci, mais elle refusa. Une querelle éclata, le ton s’éleva et le bus entier fut plongé dans la confusion.
Loin de trouver cela indigne de son honneur, le Machguia’h de ‘Hevron se leva de sa place, marcha dans le bus jusqu’à parvenir au chauffeur et lui dit avec un sourire : « Ce chien a moins de cinq ans, alors il ne doit pas payer.»
En l’espace d’un instant, la tension tomba. Cette réflexion fit sourire le chauffeur, ainsi que la femme avec laquelle il avait débattu. Le conflit fut clos et le bus poursuivit sa route.
Que pensez-vous de cette anecdote ? Le Rav s’est abaissé, s’est couvert de honte ? Pas du tout ! Rav Hirsh ne tenait pas compte de telles considérations. Ce qui importait pour lui était de prononcer un mot gentil et de rétablir la paix entre un homme et son prochain.