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Yaalzou Hassidim N°59
« Ce fut au bout de deux années, Paro eut un songe. » (Béréchit 41, 1)
Dans le Midrach, nos Maîtres commentent : « C’est ce qui est écrit : “Il a mis fin à l’obscurité.” Un certain nombre d’années avait été défini pour le séjour de Yossef dans l’obscurité de la prison ; quand leur terme arriva, Paro eut un songe. »
Lorsque règne la haine gratuite, que l’homme est hostile à son prochain et ne le juge pas selon le bénéfice du doute, l’obscurité domine dans le monde. Car, en le voyant, il éprouve des difficultés à le regarder à cause de la haine qui le nourrit à son égard, comme si un écran obscur les séparait. Mais, une fois qu’il se réconcilie avec lui, la lumière revient ; il partage sa joie et le juge positivement. La paix domine alors.
Tel est le sens implicite du Midrach précité. Cette section marque la fin de l’obscurité et de la haine qui régnaient entre les tribus. Jusque-là, les frères de Yossef le haïssaient à cause de ses rêves les concernant. A présent, cette animosité s’était estompée, avant même qu’il ne se fût révélé à eux ; ils espéraient le revoir et se faisaient du souci à son sujet.
De son côté, Yossef leur avait pardonné leur dureté à son égard, conscient que c’était pour le bien et que cela faisait partie du plan divin. Cette section est celle de la réconciliation. La haine, qui avait plongé les enfants de Yaakov dans l’obscurité, se dissipait, tandis qu’ils entamaient un processus de paix. Dès lors, une lumière poignit, chassant toute trace de haine et de désaccord.
Ceci rejoint l’interprétation de nos Maîtres du verset de Béréchit « Ce fut (vayéhi) le soir, ce fut le matin » (1, 5) – le terme vayéhi connote toujours la tristesse. D’où provient essentiellement la tristesse ? De l’obscurité, de la haine habitant les cœurs des hommes. Notons que le mot érev est composé des mêmes lettres que le mot baar que l’on retrouve dans les Psaumes « J’étais un sot (baar), ne sachant rien » (73, 22). En d’autres termes, celui qui hait son prochain vit dans l’obscurité et est un sot.
Par ailleurs, le mot érev peut être rapproché du mot arvout (solidarité), allusion au fait que, lorsque cette valeur, caractérisant le peuple juif, fait défaut chez un individu qui, au lieu d’aimer autrui, le déteste, il se plonge dans l’opacité de la nuit. A l’inverse, celui qui s’efforce de cultiver la paix et d’aimer gratuitement son prochain transforme la tristesse du soir en lueur de l’aube, comme si un nouveau jour se levait pour l’éclairer de son éclat. A cet égard, soulignons que le mot boker est composé des mêmes lettres que le mot karov (proche) : quiconque s’évertue à se rapprocher sentimentalement de son prochain et à faire preuve de solidarité à son égard jouit de la lumière éblouissante de la paix et de la fraternité.
Par conséquent, l’homme haïssant autrui transforme la lumière en obscurité, alors que celui qui l’aime et lui est bienfaisant modifie celle-ci et la remplace par une grande lumière. Même le soir, son âme brille d’un grand éclat, celui de la Présence divine. C’est pourquoi, avant de dormir, nous récitons aussi le Chéma et nous soumettons au joug divin. En disant « Ecoute, Israël, l’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est un », nous devons également penser à nous acquitter de la mitsva d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Car, l’homme animé d’un profond amour pour autrui est toujours entouré de lumière, même lorsqu’il fait nuit.
Dans cet esprit, à l’heure où l’on récite le Chéma du soir, on veillera à prononcer avec sincérité la phrase « Je pardonne quiconque m’a irrité ou importuné ». On chassera de son cœur toute haine pour son prochain, car, dans le cas contraire, cette déclaration serait hypocrite. On s’efforcera de lui pardonner totalement, de le juger positivement et de l’aimer réellement ; le Saint béni soit-Il éclairera alors notre voie. Car, en faisant preuve d’amour pour autrui et en annihilant toute animosité, nous mettons fin à l’obscurité, tandis que notre amour gratuit permet à l’éclat de la lumière de pénétrer notre cœur et de chasser toute obscurité de nous.
Dans la Guémara (Brakhot 9b), nous pouvons lire : « A partir de quand peut-on réciter le Chéma du matin ? (…) D’autres affirment : dès qu’on peut voir son prochain à une distance de quatre amot et l’identifier. » Les Maîtres moralistes interprètent ainsi cette loi : seul l’homme capable de percevoir autrui, serait-ce de loin, et de le reconnaître, c’est-à-dire désirant être charitable envers lui, est en mesure de réciter le Chéma et de se soumettre au joug divin. Celui qui n’observe pas la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même ne peut, en effet, accepter la royauté divine.
Puisse le Saint béni soit-Il nous donner le mérite de déceler les vertus de notre prochain plutôt que ses défauts et, par ce biais, d’amplifier la lumière de la Torah et de la sainteté en notre sein ! Amen.
Il est permis de déplacer un ventilateur en marche et de le diriger dans la direction souhaitée. Il faut faire attention que le fil soit assez long afin qu’il n’y ait pas de risques qu’il sorte de la prise. Il est évident qu’il est interdit de mettre un paquet de cigarettes dans sa poche avant le Shabbat afin de fumer dès la tombée de la nuit, puisque les cigarettes sont Mouktsé. De même qu’il est interdit d’emporter sur soi une carte d’autobus ou de métro pour rentrer Motsaé Shabbat même s’il y a un Erouv dans la ville.
Yalkout Yossef
Il est interdit de dire du blâme de quelqu’un, même si on est sûr que cela ne le dérange pas. Car, comme nous l’avons déjà expliqué, le fait même de médire de son prochain est prohibé, quels que soient les sentiments de celui-ci. La médisance va à l’encontre de la supériorité de l’homme en tant qu’unique créature animée d’une l’âme, parcelle divine supérieure. Cette caractéristique essentielle ne peut être modifiée sous prétexte qu’on a reçu la permission de quelqu’un de raconter son blâme.
Hafetz Haim
L’histoire se passe vers la fête de ‘Hanouka, moment où deux familles ont téléphoné à la famille Schweike de Buenos-Aires avec la même requête : « Podamos recivir su casa para Chabbat ? » (Est-ce que nous pouvons recevoir votre appartement pour Chabbat ?) Il était question de deux Chabbatot suivis, et pourtant ils ont volontiers accepté. Sur le moment, ils ne se sont pas aperçus du fait que les deux Chabbatot étaient le premier et le huitième jour de la fête de ‘Hanouka : le 25 Kislev était cette année-là un Chabbat.
« Nous avons d’abord hésité, ont raconté les membres de la famille (l’histoire a été publiée in extenso dans « Ich LeReehou »). Comme on le sait, il y a une mitsva d’allumer les bougies chez soi, et pas seulement de se joindre à quelqu’un d’autre, surtout qu’il était question d’une mitsva qui ne se présente qu’une fois par an, avec la bénédiction de « Chehe’heyanou »… « Nous aurions beaucoup aimé rester chez nous le Chabbat, mais d’un autre côté, nous avions déjà accepté de donner notre appartement à ces gens.
Nous avons continué à hésiter sur la conduite à tenir, jusqu’à ce que Papa décide qu’il valait mieux donner l’appartement aux invités. Ledit Chabbat est arrivé, nous avons donc bien rangé la maison et nous l’avons laissée aux invités. » L’atmosphère de Chabbat dans le quartier de la rue Aquador où se trouve la grande synagogue de la ville rappelle celle d’un quartier orthodoxe ordinaire. De nombreux juifs se rendent à la synagogue et les habitants regardent avec une curiosité non-dissimulée cette communauté de fidèles qui marchent joyeusement et avec bonheur vers la synagogue du quartier.
Et voilà qu’après la prière d’arvit du vendredi soir, l’invité découvre à la synagogue le propriétaire de l’appartement, le Rav Schweike. Il l’a abordé pour le remercier avec émotion de la possibilité qui lui avait été donnée de se trouver chez lui pour Chabbat. Entre temps, le Rav Schweike avait découvert que son invité était un « sofer » habile, très connu et demandé.
L’invité ayant terminé ses remerciements, il dit qu’il s’était promené dans la maison et s’était aperçu que quelques-unes des mezouzot avaient été fixées à l’envers. « Non seulement ce n’est pas valable, mais c’est vraiment dangereux », dit-il. Pour preuve de ses dires, il parla de plusieurs personnes qui avaient eu des ennuis considérables, et tout à coup on avait découvert qu’une mezouza chez eux avait été posée à l’envers par erreur.
Ce même vendredi soir, le Rav Schweike s’adressa à sa famille, et demanda avec une émotion non-dissimulée : « Dites-moi, qu’est-ce qui se serait passé si nous avions renoncé à la mitsva de l’hospitalité et si nous étions restés à la maison pour y allumer les lumières de ‘Hanouka ? Pendant combien de temps encore aurions-nous été obligés de perdre la mitsva de mezouza ? »