Yaalzou Hassidim N°58

« Réouven l’entendit et voulut le sauver de leurs mains. Il dit : “N’attentons point à sa vie.” Réouven leur dit donc : “Ne versez point de sang ! Jetez-le dans cette citerne qui est dans le désert, mais ne portez point la main sur lui.” » (Béréchit 37, 21-22)

Il est écrit : « Les mandragores répandent leur parfum ; à nos portes se montrent les plus beaux fruits » (Chir Hachirim 7, 14). Le Midrach interprète ce verset en expliquant qu’il existe un lien entre l’intervention de Réouven pour sauver Yossef et les lumières de ’Hanouka : les mandragores font allusion à Réouven, tandis que les portes symbolisent les lumières de ’Hanouka. A première vue, ce Midrach semble incompréhensible. Quel rapport existe-t-il donc entre ces deux éléments ?

Réouven comprit que, lorsque sa mère donna les mandragores qu’il lui avait apportées à Ra’hel, elle fit preuve d’une grande vaillance. En effet, ces fruits symbolisaient le niveau spirituel atteint par son fils, parvenu à maîtriser son désir de les consommer et s’étant gardé de les voler (Sanhédrin 99b). Réouven, l’aîné des tribus, donnait ainsi à ses frères un exemple de retenue. Léa ne tenait pas à ces plantes dans le seul but de les consommer, mais, bien plus, afin d’en ressentir un plaisir intense, par leur signification profonde, la bravoure de son fils. Néanmoins, elle fut prête à les céder à Ra’hel.

Plus tard, lorsque Réouven perturba la couche de son père, en la déplaçant de la tente de Bilha vers celle de Léa, Yaakov se mit en colère contre lui. Il le réprimanda pour n’avoir pas su, à cette occasion, utiliser sa force de retenue et avoir réagi avec intrépidité. Moralité : celui qui possède une vertu doit l’utiliser avec constance.

Le verset « Les mandragores ont répandu leur parfum » signifie que Réouven possédait le potentiel nécessaire pour surmonter ses instincts naturels – l’attirance pour la nourriture, ainsi que les autres désirs. L’expression « A nos portes se montrent les plus beaux fruits » fait référence aux lumières de ’Hanouka, c’est-à-dire aux mitsvot. En d’autres termes, celles-ci sont à la portée de tout Juif, qui a la possibilité de les accomplir de façon continue, comme il est dit : « Le Saint béni soit-Il a voulu rendre le peuple juif méritant, c’est pourquoi, Il a augmenté, en sa faveur, la mesure de la Torah et des mitsvot. » (Makot 23b) A présent, le verset semble plus cohérent : lorsqu’un homme se montre à la hauteur et maîtrise son mauvais penchant dans le but d’accomplir une mitsva – « les mandragores ont répandu leur parfum » –, il enclenche une série interminable de mitsvot – « à nos portes se montrent les plus beaux fruits » – qu’il lui incombe d’accomplir sans relâche.

Les lumières de ’Hanouka sont à cette image : chaque jour, on en allume une de plus, pour finalement accomplir la mitsva de façon complète. Le message que Réouven retira de la remontrance de son père pénétra son essence profonde, puisqu’il se distingua une nouvelle fois par sa vertu de retenue en sauvant Yossef. En effet, Yaakov avait montré sa préférence pour ce dernier, qui avait donc, en quelque sorte, pris à Réouven sa place d’aîné. Or, en dépit de cela, Réouven sut se maîtriser et intervenir pour le sauver.

En outre, lorsque Léa donna à Ra’hel les mandragores, Réouven n’émit aucune objection.

Ajoutons que la mitsva d’allumer les lumières de ’Hanouka n’atteint sa plénitude que lorsqu’on allume les huit bougies, le huitième jour de la fête – conformément à l’école d’Hillel selon laquelle « on cherche à progresser dans la sainteté » (Chabbat 21b). Or, Réouven ne put atteindre la perfection dans sa vertu de retenue, à cause d’une seule occasion où il négligea d’utiliser ce potentiel enfoui en lui.

Nous lisons la section hebdomadaire de Vayéchev pendant la fête de ’Hanouka. L’expression « A nos portes se montrent les plus beaux fruits » fait référence aux lumières de cette fête, allumées au seuil de notre maison, en face de la mézouza. De plus, chaque jour de ’Hanouka, nous lisons le passage de la Torah rapportant les sacrifices des princes lors de l’inauguration du tabernacle. Cette lecture vise à nous rappeler que, de même que les tribus étaient à ce moment-là unies et que chaque prince apporta sa contribution personnelle au tableau général, nous devons veiller à éviter tout désaccord au sein de notre peuple.

Il est écrit (Zohar III 73a) : « Les enfants d’Israël, la Torah et le Saint béni soit-Il ne font qu’un. » Les lumières de ’Hanouka symbolisent la Torah ; nous les allumons pendant huit jours, valeur numérique de la première lettre de cette fête. De plus, le chiffre huit (chémoné) est composé des mêmes lettres que le terme néchama (âme) et que le mot hachémen (l’huile). Le peuple juif est comparé à l’huile, car, de même que cette substance ne se mélange jamais à l’eau et remonte toujours à la surface, nous reprenons toujours le dessus suite aux exterminations des autres nations.

Or, si nous désirons être en mesure d’accomplir les mitsvot de façon parfaite, nous devons être solidaires les uns des autres, tout Juif étant intrinsèquement lié à son prochain. L’union représente la condition sine qua non garantissant notre survie. A ’Hanouka, nous disons : « Pendant ces jours-là, à cette époque-ci. » A chaque génération, il nous incombe de nous élever au niveau de solidarité qui régnait du temps de l’inauguration du tabernacle. Le mot ’hanouka a la même signification que cet événement (’hanoukat hamizbéa’h), du fait qu’il nous rappelle notre obligation de nous éduquer (lé’hanekh) à l’amour et la solidarité réciproques. Chémoné fait référence à la néchama, tandis que les lumières représentent la Torah, notions qui se recoupent toutes.

Une personne qui prie à la maison, et qu’en pleine Amida le téléphone sonne ou quelqu’un tape à la porte, devra attendre que la sonnerie s’arrête pour pouvoir continuer sa Amida. Si la sonnerie insiste ou la personne qui est derrière la porte continue de taper , alors il sera permis de s’interrompre en plein milieu de la Amida pour couper son téléphone ( même s’il n’est pas à proximité ) ou d’aller ouvrir la porte ( en faisant signe à la personne qu’elle elle est en pleine Tefila ). Puis on retournera la l’endroit où on était pour pour suivre sa Amida. C’est la même règle avec un enfant ou un bébé que l’on n’arrive pas à faire taire à distance.

Yalkout Yossef

La permission de nos Sages de se méfier de paroles de médisance entendues n’a été donnée qu’afin de se préserver d’un préjudice. Cependant, il est interdit d’agir de quelle que façon que ce soit à l’encontre de la personne dont on se méfie, ni de l’humilier ou de lui causer le moindre dommage. Plus encore, il est même défendu, d’après la Torah, de la haïr dans son cœur.

Hafetz Haim

Dans le passage sur les chefs de tribu qu’on lit pendant ‘Hanouka, le midrach rapporte à propos du verset « un bassin (mizrak) d’argent » (Bemidbar 7, 13) qu’il « s’agit de Yossef qui a été projeté (nizrak) de la maison de son père vers l’Egypte. » Le mot « argent » est pris ici dans le sens de « La langue du juste est de l’argent de bon aloi » (Proverbes 10, 20), car il a mérité d’accéder à la royauté grâce à sa sagesse, comme il est dit « Puisque D. t’a révélé tout cela, nul n’est sage et entendu comme toi. »

Nous devons comprendre : comment Par’o était-il convaincu au point de déclarer à Yossef « Nul n’est sage et entendu comme toi » ? Une seule interprétation de rêve suffit-elle à le prouver ?

Expliquons ceci à l’aide d’une parabole du Maguid de Doubno rapportée dans son ouvrage « Ohel Ya’akov ».

Un grand commerçant avait quitté sa ville pour aller s’installer ailleurs. Après avoir trouvé ce qu’il recherchait dans une des villes du pays, il s’y est installé, y a ouvert son commerce et a rempli les étagères de son magasin de marchandises rares et chères. Mais cet homme n’a pas eu de chance, et peu après son installation, les chefs municipaux ont décidé qu’il était temps d’imposer les habitants de la ville, chacun selon ses moyens. Ils ont donc évalué tous les commerçants de la ville et ont exigé de notre ami une somme non négligeable : vingt dinars d’or en monnaie courante.

En apprenant cela, le commerçant s’est écrié : « D’où tenez-vous, avec tant de certitude, que mes revenus sont importants et rentables ? Je viens d’arriver dans la ville ! » Alors les responsables ont pointé du doigt son magasin, qui se tenait fièrement au centre du marché, en répondant : « C’est votre magasin qui le prouve ! Les objets de valeur qui s’y trouvent ne vous sont pas tombés du ciel ! Vous n’avez l’air ni d’un pauvre, ni d’un misérable, mais plutôt d’un homme d’une grande richesse. » Mais l’homme a poursuivi en prétendant : « C’est ainsi que vous cherchez à prouver ma richesse ? Je jure que tous ces produits ne sont pas les miens. Je les ai achetés à crédit et j’ai à présent d’énormes dettes envers mes créanciers. Je suis loin d’être riche ! »

Mais ses arguments n’ont pas été écoutés et les chefs municipaux lui ont répondu : « Ecoutez, ces marchandises ne vous appartiennent peut-être pas et vous les avez achetées à crédit. Mais une chose est sûre : Vous êtes un homme très riche. En effet, si ce n’était pas le cas, de grands commerçants n’auraient jamais pris le risque de vous confier leurs marchandises en vous accordant un crédit si élevé. Le seul dépôt de ces produits et la confiance que ces hommes d’affaire ont en vous prouvent que vous avez de quoi acquitter votre dette. Et s’il en est ainsi, nous pouvons vous considérer comme un homme aisé. » On comprend clairement à quoi cela fait référence : Par’o a dit à Yossef « Mais j’ai ouï dire, quant à toi, que tu entends l’art d’interpréter un songe. » En d’autres termes, « J’ai entendu que tu es riche en connaissance, en sagesse et en compréhension. » Et Yossef lui a répondu avec humilité : « Ce n’est pas moi, c’est D. qui saura tranquilliser Par’o », comme pour dire « Je suis peut-être doté de sagesse et de compréhension, mais sache que ces vertus ne m’appartiennent pas. Elles m’ont été données en gage par Hachem. » Alors Par’o a attendu l’interprétation de son rêve. Puis, face à la sagesse de Yossef, il lui a dit : « Le don d’interpréter les rêves t’a peut-être été donné en gage, mais il a déjà été dit ‘‘qui donne la sagesse aux sages.’’ Le Créateur n’accorde la sagesse qu’aux hommes sages et entendus. Ainsi, cela témoigne de ta propre sagesse et du crédit élevé que tu as reçu de Celui à qui elle appartient. » C’est le sens du verset « Puisque D. t’a révélé tout cela, nul n’est sage et entendu comme toi » : « Puisque D. a révélé tout cela précisément à toi, il n’y a, malgré toi, pas plus sage ou entendu que toi, car tu es le seul à avoir mérité de recevoir un gage si précieux. »

שבת שלום

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