Yaalzou Hassidim N°52

« Saraï, épouse d’Avram, prit Hagar l’égyptienne, sa servante. Il y avait dix ans qu’Avram demeurait au pays de Canaan, et elle la donna comme épouse à son époux Avram » (Béréchit 16, 3)

Hagar était la fille de Par’o. En effet, Rachi rapporte que lorsque ce dernier avait vu les grands miracles dont avait bénéficié Avraham à Our Kasdim et avait été témoin de la grandeur de Sarah, il avait déclaré : « Il est préférable que ma fille soit servante dans la maison d’Avraham que maîtresse dans une autre demeure. »

Hagar n’était pas une femme ordinaire, elle avait des mérites. Elle était certainement une personne de grande valeur pour avoir pu s’attacher au corps saint d’Avraham. Nos maîtres commentent d’ailleurs son nom « Ketoura » en disant que ses actes étaient agréables comme l’encens (ketoret), c’est pourquoi elle a été unie à Avraham. En réalité, le fait même d’accepter d’être servante est un signe de son abnégation et de sa soumission absolue : elle aurait pu devenir reine, mais consciente de la grandeur de la maison d’Avraham, elle a dédaigné les honneurs de la royauté et préféré une vie de servante auprès d’un tsaddik à une existence royale et pleine de plaisirs dans la maison de Par’o.

Il arrive que le surnom « autre » (a’her) soit utilisé dans un sens négatif. Ce fut le cas pour Elisha ben Abouya, maître de Rabbi Méir, lorsqu’il avait renié sa foi en D., mais dans notre situation sa signification est sainte puisque la grandeur de Hagar et sa soumission à un tsaddik l’ont rendue « autre ». De même, dans l’épisode des explorateurs, il est dit au sujet de Kalev ben Yéfouné : « Il était animé d’un esprit différent (a’heret) ».

Il est très étonnant que seule Hagar ait mérité de s’attacher à Avraham après avoir pris la mesure de sa grandeur ! Pourquoi Par’o, qui connaissait les miracles dont Avraham avait bénéficié dans la fournaise, qui avait vécu le ‘sauvetage’ extraordinaire de Sarah en Egypte et qui avait décidé d’envoyer sa fille avec Avraham après avoir apprécié l’excellence de cet homme, ne s’est-il pas éveillé au repentir et est-il resté enlisé dans son impiété ?

En réalité, le mauvais penchant est particulièrement fort pour inciter l’homme à « bien parler mais à mal agir ». Le yetser hara nous encourage à sermonner les autres mais à persister dans notre impiété et à maintenir nos mauvais comportements. Il nous donne même l’illusion d’être un juste… puisque nous encourageons les autres au repentir ! Mais nous ne nous transformons pas pour autant ! Par’o s’est dit que comme il avait encouragé sa fille à suivre Avraham et l’avait poussée à admirer la noblesse de sa maison, il n’avait donc plus besoin de s’amender lui-même ! C’est la raison pour laquelle il s’est maintenu dans sa mauvaise conduite et ne s’est pas éveillé au repentir. Tout homme doit constamment méditer sur sa propre conduite. Il ne suffit pas d’écouter les paroles de moussar ou les remontrances d’autrui. Il faut s’approprier cette morale et savoir analyser son comportement pour mériter de devenir un homme différent.

Nous connaissons d’ailleurs des personnes simples qui ont atteint un niveau très élevé grâce à cette remise en cause. Par exemple, la servante de Rabbeinou Hakadoch a une fois aperçu un homme qui commettait une faute et l’a excommunié. Même après le décès de cette servante, Rabban Gamliel n’a pas annulé cette excommunication, car selon le Roch, il la considérait comme plus élevée que lui et craignait donc d’annuler sa décision.

Comment Rabban Gamliel pouvait-il croire qu’elle lui était supérieure, alors qu’elle n’était qu’une servante ? Pourquoi l’estimait-t-il autant ? Il avait conclu que cette servante avait médité sur la grandeur de D. et s’était transformée en une personne de grande valeur puisque, malgré les travaux simples et les tâches ménagères ordinaires qui constituaient son quotidien elle avait été interpellée par la transgression de cet homme et s’était même montrée jalouse pour D. en l’excommuniant. Rabban Gamliel n’a donc pas voulu annuler l’excommunication prononcée par cette femme qui, bien qu’étant une simple servante, était devenue une femme différente et s’était élevée. En effet, l’introspection permet à tout un chacun de devenir « autre ». Lavan l’Araméen nous livre quant à lui un contre exemple de la bonne attitude. En effet, bien que témoin de la piété de Ya’akov et ayant vu toute la vérité, il ne s’est pas réveillé. Plus encore, il l’a poursuivi dans le but de le tuer ! Pourtant, Lavan était conscient que depuis l’arrivée de Ya’akov chez lui, il s’était beaucoup enrichi, que toutes ses entreprises avaient été couronnées de succès et que sa fortune avait été bénie. Il l’a d’ailleurs retenu de nombreuses années pour que la bénédiction continue de reposer sur sa demeure. Malgré cela il ne s’est pas repenti et est resté avec ses idoles. Comment expliquer une telle conduite ? Il ne suffit pas de constater la grandeur du Créateur et d’être ébranlé l’espace d’un instant : il faut constamment garder l’esprit en éveil et conserver un regard critique sur sa propre conduite. C’est en méditant sur nos façons d’agir que nous pourrons les améliorer. Mais pourquoi Lavan n’a-t-il pas mérité d’être éveillé à la techouva ? Il lui manquait, semble-t-il, la base, puisqu’il n’était pas engagé dans la voie de la Torah. Or il est impossible de bâtir un édifice sans fondation solide. N’ayant pas étudié et ne bénéficiant pas des fondements de la Torah, il ne s’est pas attaché à améliorer ses mauvais traits de caractère et est resté englué dans son impiété.

Il n’y a pas de temps fixé par la Torah pour le nombre d’heures de sommeil : tout dépend de la santé de chacun. Par contre il est évident qu’il ne faudra pas exagérer et dormir trop longtemps. Une personne qui s’est fixée des heures d’étude chaque jour et n’a pas pu les concrétiser, devra les compléter le soir en étudiant plus de temps. Il est permis d’étudier le Houmach la nuit avec les commentaires de Rachi. Il est aussi permis de lire des Tehilim après la moitié de la nuit (hatsot laïla). Si c’est pour les besoins d’une personne malade alors on peut les lire même avant Hatsot.

Yalkout Yossef

Il est interdit de dire au sujet d’une personne qu’elle n’a pas de qualités : par exemple, qu’elle n’est pas intelligente, puissante ou riche… en effet, ce genre de paroles peut lui causer souffrance et dommage. Ainsi, quiconque dit au sujet d’un érudit qu’il n’est pas si grand en Torah ou d’un artisan qu’il n’est pas si professionnel que cela, commet la faute de lachon hara, car cela engendre souffrance et dommage.

Hafetz Haim

La semaine qui vient verra l’anniversaire de la mort du saint Tanna Chimon HaTsaddik, qui faisait partie des derniers membres de la Grande Assemblée (Knesset Haguedola). Selon la tradition évoquée dans la Guemara, le jour de la mort du Tanna Chimon Hatsaddik est le 29 Tichri, sept jours après la fête de Soukot.

La Guemara raconte que Chimon Hatsaddik a informé les Sages de sa génération qu’il allait mourir cette année-là, à cause de quelque chose qui lui était arrivé. Il était cohen gadol, et les Sages racontent (Yoma 39b) : « L’année où est mort Chimon Hatsaddik, il leur a dit : « Je vais mourir cette année. » Ils lui ont demandé comment il le savait.

Il a répondu : « A chaque Yom Kippour, je voyais un vieillard vêtu de blanc, enveloppé d’un manteau blanc, rentrer avec moi dans le Saint des Saints et sortir avec moi, et aujourd’hui j’ai vu un vieil homme vêtu de noir, enveloppé d’un manteau noir, entrer avec moi, et il n’est pas sorti avec moi. »

En effet, après la fête, il a été malade pendant sept jours et il est mort.

Les Sages nous racontent toute une série de miracles extraordinaires qui se produisaient dans le Temple lorsque Chimon HaTsaddik était en vie, et qui ont disparu à partir de sa mort. Voici un passage de la Guemara :

« Pendant les quarante ans où Chimon HaTsaddik était cohen gadol, le sort [qui désignait le bouc pour Hachem] tombait toujours à droite, à partir de là il tombait tantôt à droite tantôt à gauche. Et le fil écarlate devenait blanc (Rachi : c’était un signe que le Saint, béni soit-Il avait pardonné à Israël), à partir de là parfois il blanchissait, et parfois il ne blanchissait pas. La flamme occidentale brûlait (Rachi : c’est un témoignage que la Chekhina repose sur Israël), à partir de là parfois elle brûlait et parfois elle était éteinte.

Le feu de l’autel était fort et les cohanim n’avaient pas besoin d’apporter du bois, en dehors des deux bûches destinées à accomplir la mitsva d’apporter du bois, et à partir de là parfois il était fort et parfois non. Il y avait une bénédiction dans le omer, les deux pains [de Chavouot] et le pain de proposition, et tout cohen qui en mangeait le volume d’une olive était rassasié, ou même en laissait ; à partir de là, il y a eu une malédiction dans le omer, les deux pains et le pain de proposition… »

Dans le traité Yoma (69a), il est dit que les Koutim (à la quarantième année de la construction du Deuxième Temple) avaient incité Alexandre de Macédoine à détruire le Temple. Il avait accepté et leur en avait donné le droit.

On vint en avertir Chimon HaTsaddik. Que fit-il ? Il revêtit les vêtements du Grand Prêtre, s’en enveloppa et prit avec lui des notables avec des torches à la main. Quand Alexandre le vit, il descendit de sa monture et se prosterna devant lui. On lui dit : « Un grand roi comme toi se prosterne devant ce juif ? » Il répondit : « L’image de cet homme vainc mes ennemis devant moi quand je suis en guerre. » Il leur demanda : « Pourquoi êtes-vous venus ? » Ils répondirent : « Est-il possible que le Temple dans lequel on prie pour vous et pour votre royaume soit détruit, que vous ayez permis à des idolâtres de le détruire ? » Il leur a demandé : « Qui cela ? »

Ils ont répondu : « Ces Koutim qui se tiennent devant vous. » Il a dit : « Ils sont entre vos mains. » Immédiatement, ils leur ont percé les talons, les ont attachés à la queue de leurs chevaux et ils les traînaient sur des chardons et des ronces jusqu’à arriver au mont Guerizim.

Quand ils arrivèrent au mont Guerizim, ils l’ont labouré et y ont semé des vesces, comme ceux-là avaient voulu faire à la maison de D., et on a fait une fête de ce jour-là (le 28 Tévet).

שבת שלום

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