« Voici les engendrements de Noa’h, Noa’h était un homme juste et droit dans sa génération, Noa’h marchait avec D. Et Noa’h engendra trois fils, Chem, ‘Ham et Yéfet » (Béréchit 6, 9, 10)
Il faut se poser la question suivante : si la Torah commence par « Voici les engendrements de Noa’h », elle aurait dû écrire immédiatement « Noa’h engendra trois fils, Chem, ‘Ham et Yéfet », car ce sont eux ses engendrements, sans intercaler « Noa’h était un homme juste et droit dans sa génération », puisque cela n’a aucun rapport avec les fils qu’il a engendrés.
Certes, Rachi a senti cette difficulté, qu’il résout ainsi : « Comme on a parlé de lui, on raconte ce qu’il a fait de bien, ainsi qu’il est dit (Michlei 10, 7) « Le souvenir du tsaddik est une bénédiction. » Autre explication, pour nous enseigner que l’essentiel des engendrements du juste sont les bonnes actions (Béréchit Rabba 30, 6). » Mais dans ce cas il reste une difficulté, puisqu’à la fin de la parachat Béréchit (5, 32) Noa’h et ses descendants sont évoqués, ainsi qu’il est dit : « Noa’h avait cinq cents ans et Noa’h engendra Chem, ‘Ham et Yéfet. » Par conséquent, pourquoi là-bas le verset parle-t-il de lui sans raconter ce qu’il a fait de bien, sans tenir compte de la notion « le souvenir du tsaddik est une bénédiction » ?
Voyons comment on peut l’expliquer. Si Noa’h a réussi à sauver le monde en étant à l’origine de son renouvellement après la destruction, c’est nécessairement qu’il faisait de bonnes actions, et élevait aussi ses enfants dans les voies de Hachem en leur apprenant à bien se conduire, parce qu’il sentait que le rôle de l’homme en ce monde est d’éduquer ses enfants dans les voies de D. afin qu’ils ne soient pas influencés par le mal qui est à l’extérieur, de planter et d’enraciner dans leur cœur la foi dans le Créateur du monde, afin qu’ils ressentent la providence divine individuelle en tout ce qu’ils voient à l’extérieur de la maison.
C’est pourquoi quand la Torah a voulu évoquer les engendrements de Noa’h, qui sont Chem, ‘Ham et Yéfet, elle a commencé par parler favorablement de lui, afin de nous enseigner pourquoi ses descendants ont été des justes. En effet, c’est d’eux, de ces fils-là, que la création a été renouvelée après que le Saint, béni soit-Il a effacé l’univers. Quelle en est la raison ? C’est que Noa’h avait des « descendants » très spéciaux, qui étaient les mitsvot et les bonnes actions. Cela signifie qu’il s’efforçait d’être un juste afin d’engendrer une génération d’hommes droits, c’était pour lui l’essentiel et le but primordial, il ne s’agissait pas de se marier et d’avoir des enfants sans se préoccuper de leur donner une éducation juive et de leur inculquer de bonnes et nobles midot.
Nous retrouvons cette idée dans la suite des parachiot chez Avraham, dont Hachem fait l’éloge en disant (Béréchit 18, 19) : « Car Je l’ai distingué, afin qu’il ordonne à ses fils et à sa famille après lui d’observer les voies de Hachem en se conduisant avec droiture et justice. »
En effet, l’essentiel et le but de l’homme est d’avoir une descendance de justes, afin de donner de la satisfaction à Hachem, or pour avoir une descendance de justes, on doit constituer un exemple personnel et un symbole de ce qu’il faut imiter, on doit soi-même avoir un caractère perfectionné et agir noblement, autrement qu’est-ce que les enfants et les petits-enfants auraient à apprendre de nous ?
C’est pourquoi le Saint, béni soit-Il a regretté d’avoir créé l’homme (Ibid. 6, 6). Le but de la création était qu’il ait dans le cœur et la tête une foi et un désir ardents de servir D., mais cette génération a fait exactement le contraire et a provoqué un refroidissement autour d’elle et elle s’est corrompue, comme nous l’avons déjà expliqué plus haut, ce qui était dû à une mauvaise éducation et à des influences néfastes.
C’est pourquoi la Torah a dit au début de la paracha (Ibid. 6, 9) : « Noa’h était un homme juste et droit dans sa génération. » Noa’h était un homme totalement différent, agréable (noa’h) pour D. et agréable (noa’h) pour les autres. Il s’efforçait de ne pas apprendre des mauvaises actions de ses contemporains et de dominer ses pulsions afin de ne pas imiter la génération du déluge. Or nous savons qu’on conduit un homme par le chemin qu’il veut prendre (Makot 10b), ainsi qu’il est dit (Béréchit 6, 9) « Noa’h marchait avec D. » Cela signifie que le Saint, béni soit-Il l’a aidé et soutenu en l’empêchant de se laisser détériorer par l’idée qu’il avait trouvé grâce aux yeux de Hachem.
Ainsi, la Torah nous enseigne que Noa’h était un juste dans sa génération dès sa jeunesse. Il ne s’est pas repenti uniquement dans son vieil âge mais a toujours été tsaddik, que ce soit avant ou après le déluge. Et dès le début, il a inculqué ses bonnes midot à ses enfants en les élevant dans la Torah et les mitsvot.
C’est pourquoi la Torah fait son éloge immédiatement, dès le début, pour nous dire que l’essentiel des engendrements de l’homme est de perfectionner son caractère. Ce sont ces bonnes midot que Noa’h a inculquées à ses fils, en les éduquant uniquement dans le service de D. C’est pourquoi il a mérité de trouver grâce aux yeux de Hachem, et c’est pourquoi la Torah parle dès le début de ses bons « engendrements », qui sont, comme nous l’avons dit, ses bonnes actions.