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L’homme et son libre arbitre
Généralement, nous associons Roch Hachana à la créai du monde. En fait, dans les prières de cette fête, nous proclamons : « Aujourd’hui, le monde fut formé ». Toutefois nos Sages (Pirkei d’Rabbi Eliézère, Ch. 8) ont dit: « le 25 Eloul, le monde fut créé ». Conformément à cette déclaration. Roch Hachana marque le sixième jour, celui où D-ieu créa l’homme. La contradiction apparente entre ces deux déclarations, peut être facilement résolue. Chacun de ces jours rappelle la révélation de la créativité puissante de D-ieu. Le 25 Eloul, II amena le monde à l’existence. Les commentaires toraniques (Ramban, commencement de Bréchith) expliquent que les créations du premier jour différaient de celles qui suivirent. Le premier jour, D-ieu créa le monde ex nihilo ; Il amena à l’existence tous les éléments des cieux et de la terre. Les jours suivants, ceux où la Torah décrit leur formation, Il les fixa de façon permanente. C’est seulement le premier jour que D-ieu produisit l’existence en partant du néant absolu. Après, Il ne fit que donner forme, faisant des entités nouvelles en partant d’une substance existante.
Une qualité unique
La capacité de créer en partant du néant absolu est enracinée dans l’essence de D-ieu. Tout le reste, tous les êtres appartenant aux domaines physique et spirituel (voire les forces révélées de D-ieu Lui-même) sont limités à leur domaine spécifique d’existence. Ils ne peuvent s’étendre au-delà. Seule l’essence de D-ieu existe indépendamment de toute limitation, et peut amener à l’existence en partant du néant absolu. Le 25 Eloul possède une autre qualité unique. La Torah l’appelle « Yom E’hade ». Le terme hébraïque approprié pour le premier jour » serait « Yom Richone ». Pourquoi la Torah emploie-t-elle l’expression « Yom E’hade », que nous traduirions littéralement par « le jour un » ? La réponse en est qu’en ce jour D-ieu était « le Seul en Son monde».
Méme si la création entière existait déjà, il n’y avait aucune séparation: le monde faisait un avec D-ieu. En dépit de ces qualités, la grandeur de Roch Hachana dépasse celle de 25 Eloul. La création de l’homme donnait naissance à une relation nouvelle et plus profonde entre D-ieu et l’existence. L’homme choisit d’accepter D-ieu. Son appréciation de la Divinité résulte d’une décision consciente et de son libre arbitre. Le reste de la Création, tous les êtres des mondes physique et spirituel, n’ont pas le pouvoir de prendre une décision indépendante. D-ieu les crée et les contrôle. En fait, il n’y a nulle séparation entre eux et D-ieu. Ils ne sont que des émanations de Son pouvoir Divin, totalement unis à Lui, leur Source. Ils ne sont pas consciemment soumis à cette unité. Leur lien avec D-ieu est un aspect inhérent à Sa créativité, et non le résultat de leur propre décision. Avec la création de l’homme, D-ieu introduisit la notion d’une acceptation volontaire de Son unité, et d’un consentement actif à Sa volonté. La pensée ‘hassidique illustre ce concept en recourant à une analogie entre deux formes d’autorité absolue : un chef autoritaire d’une part, et un roi, d’autre part. Le premier gouverne sans le consentement de ses sujets. Il exerce un contrôle renforcé au moyen de sa puissance personnelle. Certes, un roi est, lui aussi, un chef absolu.
Mais son autorité existe parce que ses sujets l’acceptent comme roi, et désirent qu’il les gouverne. Une relation semblable s’applique au domaine spirituel. Toutes les autres créations n’acceptent pas D-ieu de leur plein gré. Elles n’ont pas le choix d’admettre ou de ne pas admettre Sa souveraineté. Tandis qu’à l’homme a été donné le pouvoir de décider ; il est libre d’accepter la règle Divine et de reconnaître Son unité au moyen de ses processus de pensée et de sa soumission volontaire à l’autorité Divine. A ce point, une question se pose : pourquoi est-il si important que cette unité soit consciemment perçue ? En outre, dans la perspective de D-ieu, I’unité est totale, elle englobe chaque aspect de la Création. L’homme, lui, conçoit rarement l’unité Divine en des termes si absolus. S’il en est ainsi, pourquoi le fait d’en prendre conscience et de la reconnaître est considéré comme si important ? On peut répondre à cette question en analysant la nature de la création du monde. Dans Tanya (Ch. 36), Rabbi Schnéour-Zalman de Liadi décrit ce qui l’a motivée de la facon suivante : « D-ieu désirait avoir une demeure dans les monde inférieurs ». Cette demeure requiert non seulement l’extension de l’énergie Divine à ces mondes, mais la conscience et l’acceptation de la Divinité par les mondes inférieurs eux-mêmes. C’est alors seulement que la demeure de D-ieu et Son séjour seront totalement réalisés. Avant la création de l’homme. la Divinité et le monde étaient dans la position de deux contraires. La perspective de la Création, la manière dont le monde se regardait soi-même, n’était pas liée au potentiel créateur Divin qui y était investi. C’est seulement après la création de l’homme que prit naissance la possibilité d’une prise de conscience intériorisée.
La grandeur de l'homme
Comment l’homme pouvait-il établir une telle relation ? Le Livre des Psaumes (139:5) a recours au verset « Tu m’as forme, le dernier et le premier » pour décrire la création de l’homme. L’âme de l’homme précède la création. La formation de son corps fut le dernier pas. Quand D-ieu « souffla dans ses narines le souffle de vie » (Genèse, 2:7), Il introduisit dans le monde un aspect de la Divinité qui existait avant la Création: c’est-à-dire plus élevé que les énergies Divines présentes dans la Creation. Par cette unique transmission de l’énergie Divine, l’âme fut créée sans qu’elle eût une existence personnelle en dehors de sa nature Divine. C’est pourquoi, son acceptation de la volonté de Dieu n’est pas en contradiction avec son existence individuelle. Tandis que toutes les autres créations furent créées de telle sorte que leurs identités individuelles fussent séparées de la puissance Divine qui est leur vraie source. Le but de la création de l’homme n’était pas simplement d’exprimer l’unité avec D-ieu dans sa propre vie. Le pouvoir lui fut donné d’infuser au monde entier cette conscience. Adam, le premier homme, réalisa ce concept. Le premier jour de son existence, il s’adressa à la Création entière et dit : « Venez, prosternons-nous, et plions le genou devant D-ieu notre Créateur » (V. Zohar III, 107-b). L’homme a pour tâche de communiquer cette relation avec D-ieu au monde entier. De cette manière, il devient l’associé de D-ieu dans la Création, et il apporte un élément nécessaire à l’existence du Monde.
Une unité plus profonde
L’unité plus profonde, établie grâce à la création de l’homme et grâce son service, donne à Roch Hachana jour de la création de l’homme priorité sur le 25 Eloul. Le potentiel d’une relation avec D-ieu, potentiel qui fut créé ce jour-là, a rejeté au second plan toute la Création qui a précédé. Toutefois, la question demeure. Pourquoi nos prières de Roch Hachana disent-elles que le monde fut formé ce jour- là 7 Roch Hachana a beau être plus important, il n’en reste pas moins que le monde fut crée le 25 Eloul ! Un point de loi talmudique répond à cette question. La Torah contient beaucoup de lois ayant trait a la pureté et à l’impureté rituelles, Ces lois s’appliquent à un objet seulement après qu’il a atteint un état d’achèvement complet. Par exemple, une pièce de métal informe ne peut devenir impure. C’est seulement après qu’on en a fait un objet utile que ces lois sont applicables. Avant qu’une forme lui soit donnée, cette pièce de métal existe. Néanmoins, cette existence n’a aucune signification au regard des lois sur la pureté et l’impureté. Dans ce sens, l’objet ne « vient à l’existence » que lorsqu’il est «complet ». Certains objets peuvent être considérés comme complets a beaucoup de stades différents. Les peaux animales. par exemple, peuvent soit servit de couvertures, soit être travaillées pour devenir des vêtements variés. Qu’adviendrait-il si un objet impur est mis en contact avec une peau n’ayant pas été travaillée ? Celle-ci sera-t-elle considérée impure (parce qu’elle peut servir comme couverture), ou pure (parce qu’elle peut être travaillée jusqu’à devenir un vêtement) ? La Michnah (Kélime, 26:7-8) déclare que la décision dépend de cette question: « Qui est le propriétaire de la peau ? ». Si c’est un homme capable de se sentir satisfait de laisser la peau dans l’état où elle peut servir de couverture, alors elle est considéré comme impure. Mais si c’est un tanneur que son métier porte à estimer que la peau peut être travaillée pour devenir un vêtement, elle est considérée comme pure. Le même concept est applicable à la création du monde. Le 25 Eloul, et les jours suivants de la Création, révélèrent des pouvoirs Divins impressionnants. Mais ces pouvoirs furent totalement éclipsés par la création de l’homme. Celui-ci révéla un but nouveau et plus profond à l’existence (comme dans l’exemple précédent, où un vêtement est opposé à une couverture), ainsi qu’un aspect plus élevé de la Divinité (une intention différente et plus élaborée du propriétaire). Cette révélation eut pour effet que l’existence précédente du monde fut considérée comme inachevée. Par la création de l’homme, D-ieu établissait une nouvelle définition de l’existence. Dans le contexte de cette définition, le monde n’existait pas précédemment. Comme nous l’avons dit plus haut, en communiquant au monde un sentiment plus profond d’unité, l’homme devient un associé dans la Création. A Roch Hachana, le Jour du jugement, Dieu reconnait les réalisations de Son associé. Il le récompense en lui envoyant de généreuses bénédictions, et Il répond à tous ses besoins pour l’année qui vient.